26 nov. 2012

Interview with LE NOUVEL OBSERVATEUR translated


INTERVIEW WITH LE NOUVEL OBSERVATEUR
ABOUT CHAOS BRÛLANT  ( BURNING  CHAOS )
Translated by Robert G. Margolis
  
Le Nouvel Observateur: How do you feel after a year deep inside the head of Dominque Strauss-Kahn? 

Stéphane Zagdanski:  I will not keep from you that 2011 was almost as painful for me as it was for Dominque Strauss-Kahn.  As if the title of my novel had decided to turn my existence into a burning chaos.  To give you only one example, an enormous fire completely consumed a storage facility in Gagny, in which I had some furniture and, especially, irreplaceable archives.  And this is not the worst of what happened to me !  Proof, if such is needed, that certain books magnetize the world around their author, for better as well as for worse.

26 oct. 2012

Chaos brûlant à Porto, par Laurent Boulair



Cher Stéphane Zagdanski

De Tokyo à Porto, Chaos brûlant poursuit sa route à travers cette planète malade.
La première photo a été prise au bord d'une grande avenue de la ville, “Avenida do marechal Gomes da Costa”, nom de l'auteur du coup d'état militaire de 1926 qui le porta au pouvoir en tant que président de la République et qui ouvrit la porte à la dictature de Salazar deux ans plus tard.
C'est donc un contemporain du neurologue Egaz Moniz, un des nombreux jalons sur la route du Crime dont vous écrivez l'histoire dans l'incroyable chapitre intitulé “Histoire de la psychiatrie à l'âge nazi”.
Pas un jour de la semaine sans trafic chaotique sur cette avenue, pas un jour sans accidents causés par les voitures roulant à tombeau ouvert en direction du dieu travail (en peau de chagrin pourtant).
En arrière-plan de votre livre, la photographie sur une affiche publicitaire est d' une star locale, prestidigitateur de son métier et dont les envoûtements sont attendus ces jours-ci par le public portugais pour son dernier spectacle: CHAOS.

Mais cher Stéphane Zagdanski, comme le temps est ici, ou là, Porto c'est aussi la mer mêlée au soleil. (photo 2).

Très cordialement
            Laurent Boulair


Publicité dans Le Monde des Livres, 26 octobre 2012



24 oct. 2012

"Lucide et acerbe", Article de Marie-Claude Bernard sur Parutions.com

La couverture médiatique de l’explosion en vol de DSK a été plus importante que celle des attentats du 11 septembre. Ce constat n’est pour Stéphane Zagdanski qu’un des symptômes de la démence universelle d’un monde lui-même en train d’imploser.

"De l'intérieur", Réponse à une enquête de La Règle du jeu



22 oct. 2012

Questions ouvertes (Quatrième de couverture alternative)



Stéphane Zagdanski
Chaos brûlant
roman

Que s’est-il passé précisément le 14 mai 2011 dans le suite 2806 du Sofitel de New York, entre midi six et midi vingt-six ?

Quelle prière peule fit Nafissatou Diallo au moment où elle avait le pénis de Dominique Strauss-Kahn entre les lèvres ?

Que rumina DSK durant sa première nuit de prison à Harlem ?

Pourquoi Nafissatou Dialo a-t-elle menti de manière incohérente à la police de New York ?

Pourquoi DSK est-il passionné d’échecs ?

19 oct. 2012

Cliché du no man's land



"– …Cette photo est probablement la première de l’histoire où apparaisse un être humain. À une exception près le boulevard du Temple est vide, la ville désertée de tous ses passants, marchands, calèches, chevaux et animaux de compagnie. Il ne s’agit pas d’un choix, comme plus tard avec le photographe Eugène Atget qui décidera de collectionner le désert parisien. Ici c’est la technique naissante qui annihile le mouvement humain : l’objectif du Basque requérait plusieurs minutes d’exposition, et à moins de demeurer immobile, sage comme une image durant ce temps minimum, on était invisible à la machine à reproduction… Or un seul homme, parmi l’immense foule, est resté assez longtemps sans bouger pour être fixé par l’appareil, apparaissant dans ce que Walter Benjamin qualifierait nostalgiquement – mais à tort – « d’image d’un gris tendre »."
Extrait de Chaos brûlant 

10 oct. 2012

Le chiffre et la lettre, Yann Moix dans Le Figaro


"Zagdanski bouleverse toutes nos certitudes", par Michel Litout

Roman : "Chaos brûlant" dans la tête de DSK

Un fou, accusé par une amie de viol, se retrouve dans la même cellule que Dominique Strauss-Kahn. Rencontre romancée par Stéphane Zagdanski.

Zagdanski, DSK, Chaos brûlant, seuil, roman, rentrée littéraireL'affaire DSK, quand elle a éclaté en 2011, a semblé rendre fous les commentateurs. L'énormité de l’événement, la vision du patron du FMI, promis à l’Élysée en 2012, mal rasé, l’œil hagard, menotté, a été un incroyable électrochoc. La folie n'est donc pas absente de ce tremblement de terre médiatique. Tout à été écrit, mais la version, la vision plus exactement, de Stéphane Zagdanski dans « Chaos brûlant » est passionnante et novatrice. Il ne se contente pas des faits. Il raconte le fait divers par l'intermédiaire d'un narrateur qui était aux premières loges.

Proust et Chaos brûlant, par Yann Moix

3 oct. 2012

Version longue de l'entretien avec David Caviglioli pour le Nouvel Observateur


Comment vous sentez-vous, après une année en immersion dans le cerveau de Dominique Strauss-Kahn ?
Je ne vous cacherai pas que l’année 2011 fut presque aussi pénible pour moi que pour Dominique Strauss-Kahn ! Comme si le titre de mon roman avait décidé de transformer mon existence en un brasier branlant. Pour ne vous donner qu’un exemple, un gigantesque incendie a entièrement dévoré un entrepôt à Gagny où j’avais quelques meubles et surtout des archives irremplaçables. Et ce n’est pas là le pire de ce qui m’est arrivé ! Cela a confirmé mon idée qu’un livre écrit avec incandescence torsade la réalité autour de son auteur, pour le meilleur comme pour le pire. 


28 sept. 2012

Éblouissant roman, par Franck Aria


Éblouissant roman de Stéphane Zagdanski. Son nouveau livre, "Chaos brûlant", montre en mots les sombres coulisses d'un monde en constante décrépitude, mais aussi les collisions d'intérêts entre la publicité, le spectacle, la Finance, le travail à la chaîne et le crime désormais globalisé, ou encore entre la psychiatrie, la publicité, l'économie, la Technique et le nazisme. Bref, il éclaire de mots la scène cataclysmique de ce monde-écran, spectacularisé au point d'abolir toute pensée. Il montre comment l'abjection vacuitaire de la Finance est un gouffre à l'intérieur duquel le monde s'engouffre.

21 sept. 2012

Histoire de la psychiatrie à l'âge nazi



"Bondissons par conséquent du Portugal aux États-Unis où un nouveau grand malade psychiatrique nommé Freeman, « Homme libre » – car mon âme cauchemardesque a le sens de l’humour –, se prit de passion pour le pic à glace.  AH AH AH AH ! Il soulevait la paupière d’un schizophrène ou d’un neurasthénique, y enfournait salacement son pic à glace, passait sous l’os orbital pour atteindre le cerveau de sa victime et, transmettant à son pic à glace une vigoureuse oscillation, il piquait et repiquait, pilait, concassait, broyait, farfouillait, triturait  jusqu’à avoir réduit en bouillie le tissu cérébral de son aliéné. Ce militant de la bouillie de cervelle avait un camion, poétiquement baptisé « lobotomobile », avec lequel il parcourait les États-Unis et où il pratiqua à la volée 3500 bouillies de cerveau. Lorsque son permis d’exercer la médecine lui fut enfin retiré, il était trop tard.  Freeman avait lancé une véritable mode consistant à couper dans le vif du sujet.  Près d’un million de personnes furent ainsi lobotomisées entre les années 40 et 60, à partir de quoi la lobotomisation se répandit universellement par le biais d’une méthode plus moderne, indolore  et pleine d’avenir : la télévision."
Extrait de Chaos brûlant

18 sept. 2012

Sommaire de Chaos brûlant



SOMMAIRE
Sac d’Os se présente
Ossature d’encre
Cordelia
L’absurde
Dos tourné
Satan s’exprime

15 sept. 2012

Commentaire intelligent d'une critique crétine

DavidCazaIs - 1410912012 21  59 5
«Je trouve au contraire que Zagdanski exerce l'art de la digression avec talent. Une débauche d'érudition et un regard kaléidoscopique sur une affaire très récente font de ce roman une sorte d'objet littéraire très américain et qu'on s'attend à voir qualifier par les critiques d'"éblouissant, étourdissant, époustouflant, brillant, foisonnant etc".L'écriture de Zagdanski, la précision de ses images, la richesse étonnante et féconde de son vocabulaire, de ses rapprochements (donc de son imagination) tranchent vraiment sur la médiocrité ambiante (cf OlivierAdam). Sa façon d'épuiser le sujet, de l'aborder sous cent et mille perspectives mérite un coup de chapeau car elle suppose une hauteur de vue peu commune et nous invite à de multiples méditations. Le dispositif littéraire est à mon avis intéressant et parfaitement maîtrisé. Des aspects que la critique de Jérôme Dupuis ne laisse même pas supposer et c'est dommage.»

14 sept. 2012

The Eruption of a Verbal Audacity, A Conversation About "Burning Chaos"


Stéphane Zagdanski / Robert G. Margolis,
"The Eruption of a Verbal Audacity"
A Conversation About Chaos brûlant, “Burning Chaos”.
        -To the blessed memory of Charles Mopsik

Robert G. Margolis: Let us begin with the title of your new novel Chaos brûlant, “Burning Chaos”.  The title is used with reference to a sentence by Friedrich Nietzsche, which you also employ as the epigraph to your novel: “Civilization is only a thin film over a burning chaos.”  What is this “Burning Chaos”?  What does Nietzsche and, therefore, do you mean by it? 

12 sept. 2012

L’incontestable « huuuu…. huuuu… huuu…. huuu… »






"De même que DSK peut jouer à plusieurs parties d’échecs simultanément, il se déplace dans ses songeries comme dans une galerie de tableaux, mêlant les êtres, les lieux, les situations. Il songe à Inge, puis à Hérodiade, puis à Michelle Obama, et fébrilement il veut palper le vagin de la femme de chambre. Il essaye de lui arracher son uniforme, relève énergiquement la jupe en la tirant vers le plafond, un peu comme un gorille en apesanteur qui tenterait d’éplucher une banane à l’envers. Nafissatou résiste, DSK essaye de lui retirer son collant, comme s’il adoptait l’épluchage dans le bon sens, de haut en bas. Il se met à malaxer maladroitement le pubis et le vagin de Nafissatou à travers sa culotte, elle pousse un petit cri. Vaniteusement, il s’imagine qu’elle jouit déjà.

7 sept. 2012

Tout est théâtre


"Très vite, Carlita saisit à qui elle avait affaire. Avec celui-là, tout se jouerait dans l’interstice. Douce et soumise en public, elle alimente sa volonté de contact en lui essuyant le front dix fois de suite devant les caméras, en lui passant une main dans les cheveux, en lui caressant la nuque comme à un bon gros chien qu’on veut calmer. Du même coup, elle le castre gentiment par cette infantilisation saugrenue, comme lorsqu’elle l’appelle «Chouchou» devant les lectrices stupides d’un imbécile magazine féminin (pléonasme)."
Extrait de Chaos brûlant 

3 sept. 2012

Échecs et Juifs


"Franz a compris qu’il y avait une intime corrélation entre l’antisémitisme de Bobby et sa génialité échiquéenne. De même que, pour Bobby, le monde entier se réduit à un échiquier de 64 cases, que la multiplicité des événements est entée sur l’infinitude des combinaisons de mouvements possibles, de même plaque-t-il en écho sur l’immense miroitement du monde la grille de l’antisémitisme, grille à un casier unique dans lequel Bobby fourre tout l’univers, voyant de tout temps et partout le triomphe de la malice juive. Qu’un train déraille au Japon, c’est un coup des Juifs. Ce sont les Juifs qui ont doté la Corée du Nord de la bombe atomique. Ce sont les Juifs qui provoquent la famine en Afrique. Ce sont les Juifs qui spéculent sur les krachs boursiers. Ce sont les Juifs qui ont fourni les matériaux défectueux pour la construction de Tchernobil.  Et surtout ce sont les Juifs qui s’acharnent contre lui, Bobby Fischer. Les Juifs qui ont convaincu Bush de lancer un mandat contre lui en 1992, lorsqu’il est allé rejouer contre Spassky à Sarajevo en pleine guerre. Les Juifs qui lui ont dérobé tous ses avoirs à Pasadena. Ce sont même les Juifs qui ont organisé l’éruption du volcan Eyjafjallajökull en Islande, au printemps 2010, pour punir ce beau pays de l’avoir accueilli et de lui avoir offert la nationalité islandaise.
Eyjafjallajökull ! éructe-t-il, « J’t’affole et j’t’encule ! »… Si c’est pas signé des serpents juifs !"
Extrait de Chaos brûlant

1 sept. 2012

Sur la dédicace, dans Marianne

Réponse à une enquête de « Marianne » sur la dédicace de Chaos Brûlant
Durant toute l’année d’écriture de Chaos brûlant, ma vie privée s’est déroulée dans une atmosphère si cataclysmique qu’elle semblait directement inspirée par le titre de mon roman. Pourtant, au cœur de ce chaos branlant, ma petite fille de 3 ans a été une inspiration perpétuelle d’équilibre et de ténacité par son espièglerie, son enjouement et sa grâce. Fidèle en cela à son prénom qui signifie, dans la Bible, « Mon père est en joie ».

Chaos brûlant à Tokyo



29 août 2012

Interview par Eva Bester, France-Inter, 30 août 2012


Source

Interview par Shlomo Malka sur RCJ

Source

The DSK affair is the incarnation of contemporary folly, AFP

Strauss-Kahn sex scandal continues to fascinate

PARIS, Aug 29, 2012
-Dominique Strauss-Kahn may have disappeared from public life but his spectacular and sordid fall from grace is being played out again and again in books, plays, TV shows and movies.
The six-minute sexual encounter between the man who might have been France's next president and a maid in a swanky Manhattan hotel continues to fascinate long after the story fell off the front pages of newspapers.
"The DSK affair is the incarnation of contemporary folly," said novelist Stephane Zagdanski, using the initials by which the former head of the International Monetary Fund is best known in France.
"It fascinates enormously because he was at the summit of the world and he found himself in the gutter overnight, thanks to a six-minute fellatio," he told AFP.

28 août 2012

Yannick Haenel à Stéphane Zagdanski, 15 août 2012

La dernière nervure
 
Cher Stéphane, ton Chaos brûlant met en plein dans la cible, avec une effervescence drôlatique et une profondeur de vue qui laissent augurer des ravages que le livre va opérer dès sa sortie. Formuler le sinistre, en faire une sarabande magique, comme dans La Tempête de Shakespeare ; retourner le diable sur lui-même afin d'y voir grâce à lui ; déshabiller la fabrique de Satan. Ce qui est très fort, c'est que tu rapportes le dispositif de la folie planétaire à l'inanité foireuse d'un acte sexuel surcommenté : le monde se fait imploser à travers un coït douteux. Le monde de la finance, et l'extraordinaire généalogie de la servitude et du crime qui l'accompagne, et que tu mets en évidence, repose autant sur du vide que le rapport sexuel. Spéculation libidinale, d'autant que l'argent lui-même n'est rien que le signe de la dépossession en acte. L'unique vérité de la convulsion économique permanente — de son soubresaut, de son tic —, c'est la jouissance, ou plutôt son ratage, son absence délirée — son fonctionnement vide. Il n'y a même plus d'assise métaphysique, de type apocalyptique : le Gouffre lui-même est devenu une marchandise.


Le livre, dans son déploiement, met en évidence combien les humains et l'humanité n'existent plus : tu déchiquettes cette croyance en l'"homme". Le monde retarde, c'est pourquoi sa représentation à travers la psychose est une trouvaille : quand l'"Algorithme", comme tu dis, a épongé la substance entière du globe, eh bien l'extermination a fait un tour sur elle-même, replaçant le nazisme dans une autre histoire, celle de l'économie ; et dans sa vrille, la dimension actuelle du crime — la finance — en saturant l'économie, la détruit (et avec elle les petites choses qui s'accrochent à la circulation de l'argent, et qu'on appelle encore des humains). Très grande lucidité terrible, donc, à propos de ce règne sans âme. Comme tu le rappelles : Nel peggio non c'è fine. J'aime beaucoup les pages sur l'écroulement d'un iceberg, qui s'appellent "Flambées" : selon moi, c'est le centre secret du livre, sa métaphore, celle qui dévoile une noblesse invisible. Le destin de la banquise est ce qui arrive à chaque corps.  


Grande intuition de DSK surendetté à son propre destin, à qui les mots ne coûtent rien — infirme de la parole. D'Anne Sinclair ratant son être en repoussant Picasso. Et les pages sur la "vraie prière", dans la chambre à gaz, m'ont beaucoup parlé. C'est évidemment un livre sur le TORT qui t'a été fait, à toi et à ta famille. Tort qui ne vient pas seulement des nazis, mais d'une extermination qui, chaque jour, s'avère élargie au mécanisme même du monde, et prend sa place. L'indemne, alors, n'est plus qu'une nervure, par laquelle tu glisses ton livre.

Ton ami, qui te serre la main,

Yannick

Reproduit  avec l'aimable autorisation de Yannick Haenel

Feuilleter les 24 premières pages de Chaos brûlant

PREMIERES PAGES

Un roman brillant et tragique, Philippe Vallet, France-Info

Un pavé dans la mare de la rentrée littéraire, Toute la culture

Le talentueux essayiste et romancier Stéphane Zagdanski (La Mort dans l’œil, Pauvre de Gaulle) se penche avec un an de recule sur la fameuse affaire DSK. Vus à travers les yeux extra-lucide d’un psychotique tatoué interné dans un hôpital de New-York, les évènements du 14 mai 2011 et les deux mois qui ont suivi prennent un relief tragi-comique. Un pavé dans la mare de la rentrée littéraire 2012 en librairies depuis le 23 août 2012.
Surnommé « Sac d’os » pour sa maigreur maladive, tatoué partout, le narrateur de « Chaos brûlant » est un psychotique intellectuellement supérieur et capable de se glisser dans la tête de ses interlocuteurs. La médiatisation des évènements qui ont eu lieu le 14 mai 2011 dans la suite 2806 l’interpellent, et il se glisse à la fois dans la psychologie de DSK, de la mystérieuse Nafissatou Diallo, de Anne Sinclair, de l’avocat de DSK Benjamin Brafman, du procureur et aussi de personnages imaginaires comme son touchant et sage gardien de cellule à Rikers Island…
Très documenté, extrêmement bien écrit et tentant l’expérience de se glisser dans la peau de chacun des personnages qui ont été sous les feux des médias fascinés par cette affaire, « Chaos brûlant » soumet des hypothèses psychologiques à temps intéressantes : Que Zagdanski se penche vraiment sur la vision du monde de Nafissatou Diallo est plutôt original et sympathique même si parfois un peu cliché. Mais la charge contre un DSK survivant d’un tremblement de terre dans l’enfance et totalement insensible et conquérant depuis est trop caricaturale et trop souvent répétée pour tenir le lecteur vraiment en haleine sur plus de 416 pages. Chaos Calme » était un roman bien parti pour saisir divers souffle de l’esprit du temps et qui finit en galerie de personnages figés. Dommage…
Stéphane Zagdanski, « Chaos brulant », Seuil, 416 pages, 21 euros. Sortie le 23 août 2012.


27 août 2012

Flambées




"À Nuuk, la capitale du Groenland, les hères inuits édentés, obèses, myopes, alcooliques et désœuvrés, vivent dans des HLM décolorées en tôle ondulée aux vitres brisées. Ils regardent d’un air sauvage et apeuré l’agitation du port industriel, adossés au mur d’un hangar. Il y a quelque chose de pourri au royaume de la Neige. Ce sont les hangards." 
Extrait de Chaos brûlant

Marianne Interview about Chaos brûlant (Burning chaos)



Marianne: Why does the DSK Affair still fascinate to such an extent?

Stéphane Zagdanski: Probably because on May 14, 2011, DSK became, in spite of himself, the symbol of the insanity of the contemporary world.  A polymorphous madness, become “globalised,” as it is said, with its political derangements, its media deliriums or “economic horrors,” to quote Rimbaud, in which we all—without exception—flounder about at this very moment.  The at once lunatic and exemplary character of the Sofitel incident was clear to me when I learned that the media covered with which it had been favored surpassed coverage of September 11, 2001.

26 août 2012

DSK, une affaire littéraire, Aude Lancelin dans Marianne





Two Interviews With Stéphane Zagdanski about his new novel Chaos brûlant ( "Burning Chaos" )

Olivier Simon :  What is Chaos brûlant [Burning Chaos]?  A novel?  A fiction? An essay?

Stéphane ZagdanskiChaos brûlant is a novel, a genuine novel.  All of it is invented.  I could even say that the novel’s common thread, that is the DSK Affair, itself is invented, since it is re-elaborated by the mind of the narrator, who is a psychotic with the peculiar ability to see, or to believe that he sees, what people think, without their knowing it.

22 août 2012

DSK: une sexualité aliénée, MyBOOX




MyBOOX: Qu’est-ce que Chaos brûlant ? Un roman ? Une fiction ? Un essai ?

Stéphane Zagdanski :
Chaos brûlant est un véritable roman. Tout en est inventé, je pourrais même dire que le fil rouge du roman, à savoir l’affaire DSK elle-même, est inventée puisqu’elle est réélaborée depuis le cerveau du narrateur, un psychotique ayant la particularité de deviner, ou de croire qu’il devine, ce que pensent les gens à leur propre insu.

17 août 2012

DSK est une version appauvrie et grotesque du Roi Lear, France-Amérique


 1. L'affaire DSK est encore présente dans tous les esprits. A quel moment, et pourquoi, s'est-elle imposée à vous comme un matériau propre à constituer le point de départ d'un roman ?

Je guettais depuis longtemps l’occasion de rédiger une FMI, une « Fiction Métaphysique Instantanée » – un roman en direct interprétant minutieusement quelque fait divers crapuleux emblématique de notre temps. Je prévoyais aussi de consacrer un roman à l’argent, plus précisément aux ravages spirituels de sa transmutation financière. Très vite, vers la fin mai 2011, la déflagration de l’affaire DSK m’est apparue comme le prétexte idéal d’un tel roman. Tous les symptômes de l’effondrement de la civilisation occidentale s’y trouvent fusionnés dans la tragi-comédie d’un seul homme : une absurde sexualité machinale dissociée de tout raffinement langagier (on est aux antipodes de l’univers de Sade) ; une cécité existentielle maladive, propre de l’arrogante oligarchie qui mène la planète à sa ruine ; l’hypertrophie médiatique s’alimentant de son propre vide, dont l’abîme d’impensé occupe tout l’espace de la représentation et du commentaire ; la criminelle impotence politique accoutrée sous les oripeaux publicitaires de la communication la plus impudemment débile…

16 août 2012

Séismes


"Le ciel bleu était infernal de pureté, le soleil si blanc et brûlant qu’il semblait vouloir enfouir sous la chaux tout ce qui n’était pas lui. Les rues et les avenues, étrangement, étaient d’une tenue impeccable, comme si les décombres avaient pris soin de ne pas déborder sur les artères pour faciliter la déambulation estomaquée des survivants. À chaque pas un nouveau témoignage de la friabilité des constructions humaines surgissait, pour aussitôt s’applatir en une obséquieuse révérence au ravage."
Extrait de Chaos brûlant

13 août 2012

La trouée


"Un soir, j’étais en train de dévorer une aventure de Daredevil, mon héros préféré, quand le miracle arriva. Je ne parvins plus à lire les légendes ni à distinguer les infimes détails des dessins – tel le filin caché de la canne blanche de Matt Murdock quand il la transforme en nunchaku… Tout enflait, oscillait, ondulait, respirait… Je tapotai sur ma lampe de poche mais les piles étaient neuves. C’étaient mes yeux qui s’étaient éteints ! Ma mère allait être exaucée, soulagée, je les avais enfin usés,  j’étais en train de devenir aveugle ! Daredevil m’avait inoculé son handicap. J’étais sauvé." 
Extrait de Chaos brûlant

1 août 2012

Grignotages


"Homer est littéralement devenu ce qu’il consomme. Ce qu’il consomme, ce n’est pas de la nourriture mais sa réclame, la reproduction falsifiée d’ersatz élaborés dans des éprouvettes. Traité comme un container à déchet par la propagande agro-alimentaire depuis son enfance, Homer s’est métamorphosé en sa propre déjection, exproprié de son corps au profit de toutes les publicités de nutritions surnaturelles diffusées nuit et jour sur tous les postes de télévision. Le corps martyr de Homer est imprégné d’images abjectes et désirables, huileuses et trafiquées, fondantes et plastifiées, suppurantes de calories, glorieuses de graisse, éclaboussantes de dépendance, rutilantes de volonté abolie."
Extrait de Chaos brûlant

26 juil. 2012

Transparence


"S’il s’est assis de la sorte – en une posture qui ne manque d’ailleurs pas d’élégance : la nonchalance de celui qui n’a plus grand-chose à perdre –, c’est qu’il connaît bien ce transat désastreux de son destin sur lequel il lui faut, une fois de plus, s’installer et attendre, lui que le goutte-à-goutte des minutes horripile. Une fois de plus le monde s’est écroulé autour de lui.
« Tout ça pour ça ! » songe-t-il tristement.
Les cernes sous ses yeux ont pris une allure pathétique. Ils ont descendu d’un cran après le choc de son arrestation, glissant vers les joues et formant deux sillons cireux, comme si on lui avait greffé des fentes de machine à sous de part en part de l’arête nasale, dans lesquelles deux pièces d’un euro se seraient coincées…"
Extrait de  Chaos brûlant

23 juin 2012

Ward's Island Bridge et Manhattan Psychiatric Center

"Si Dieu daigne un jour baisser les yeux en direction de Ward’s Island, il verra, au sud de l’île, la reliant à l’est de Manhattan au niveau de la 103ème Rue, un immense H bleu azur émaillé de rouille : le Ward’s Island Bridge. H pour «Hospital», ou bien pour «Hell», l’Enfer. Guérir, croupir. En tout cas ce n’est pas H pour «hasard»."
Extrait de Chaos brûlant

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