3 oct. 2012

Version longue de l'entretien avec David Caviglioli pour le Nouvel Observateur


Comment vous sentez-vous, après une année en immersion dans le cerveau de Dominique Strauss-Kahn ?
Je ne vous cacherai pas que l’année 2011 fut presque aussi pénible pour moi que pour Dominique Strauss-Kahn ! Comme si le titre de mon roman avait décidé de transformer mon existence en un brasier branlant. Pour ne vous donner qu’un exemple, un gigantesque incendie a entièrement dévoré un entrepôt à Gagny où j’avais quelques meubles et surtout des archives irremplaçables. Et ce n’est pas là le pire de ce qui m’est arrivé ! Cela a confirmé mon idée qu’un livre écrit avec incandescence torsade la réalité autour de son auteur, pour le meilleur comme pour le pire. 


L’annonce de ce roman en a surpris plus d’un…
J’envisageais depuis quelques années d’écrire sur l’Argent, sur l’espèce de folie qu’il symbolise et qu’il suscite, et surtout sur son nouvel avatar désastreux : la Finance. Tel est le vrai sujet de Chaos brûlant, ce que j’appelle « la gestion génocidaire du globe ». Si Debord dénonçait dès 1967 le « devenir-marchandise » du monde, il faut aujourd’hui évoquer le « devenir-marchés–financiers » de la planète. Puis est arrivée cette mésaventure libidinale du patron du FMI, et surtout son traitement médiatique démentiel qui en dit long sur la mutation de la Société du Spectacle. Le rôle extravagant qu’y a joué Tweeter, par exemple, est très significatif. J’ai alors songé que la mésaventure de DSK était un symptôme intéressant de la catastrophe économique en cours. Par force, me penchant sur le cerveau de DSK, je me suis aperçu que sa vie n’était qu’un parcours de cataclysmes récurrents depuis l’effroyable tremblement de terre d’Agadir, le 29 février 1960, auquel sa famille et lui avaient survécu dans son enfance.

Quelle est la part du fictif et du vrai ?
Premier principe : tout est public. Je n’invente rien sur la vie privée des personnages célèbres du roman, même si j’examine des détails peu connus. Tout est consultable dans des biographies, des discours, des recueils de petites phrases, y compris les propos souvent orduriers de Sarkozy que je théâtralise sur un mode comique. Le rapport passionnel de DSK aux échecs (et donc à l’échec !) est entièrement vrai. Même chose concernant Benjamin Brafman, l’avocat de DSK : l’histoire de sa famille rescapée de la Nuit de Cristal, ses longues conférences exaltées dans des synagogues où il fait parler les morts de la Shoah. Personne ne s’est intéressé à cet aspect mystique de « l’avocat de la mafia », alors que tout cela est ouvertement dénichable sur YouTube. D’ailleurs Chaos brûlant est aussi un roman sur l’usage débridé d’internet, rouage essentiel du Spectacle aujourd’hui. Quant à la part de fiction, elle consiste en mon immixtion dans le cerveau – et, disons-le, la folie – des personnages. Et quel meilleur quartier général qu’un asile psychiatrique pour deviser de l’aliénation du monde et de la démence des marionnettes qui croient nous gouverner !

Avez-vous lu «l’Enculé» de Marc-Edouard Nabe, lui aussi consacré à DSK ?
C’est une grosse merde, comme son titre l’indique. Les titres des mauvais livres aussi peuvent se révéler des destins. Celui de Nabe consiste à être littéralement fasciné par la merde. Je le connais mieux que personne, et surtout mieux que lui-même. Il ne s’est jamais remis de la longue description circonstanciée que j’ai faite de lui dans mon roman Pauvre de Gaulle !. De rage, il en a brûlé le manuscrit inédit de son Journal intime où j’apparaissais sous un jour flatteur car nous avions longtemps été d’excellents amis. Ce portrait que j’ai fait de lui en 2000 a réveillé tous ses démons contre les Juifs – et du coup contre moi qu’il insulte régulièrement entre deux gesticulations d’autopromotion narcissiquement délabrée. Au fond, Nabe n’est valable que comme personnage burlesque d’un roman. J’en ai déjà le titre : Le polichinelle encroûté  (rires). Mais sa punition, pour être aussi mesquinement venimeux, c’est que je ne consacrerai plus de temps à son cas risible de « petit bouffon de la comédie vénitienne », signification littérale de son patronyme  Zannini

Votre roman a dû passer entre les mains de pas mal d’avocats…
Il y a eu quelques relectures, en effet. J’ai dû mettre de côté plusieurs passages qui risquaient, en cas de procès, de nous faire perdre à coup sûr. Ainsi, j’avais fait une description très minutieuse, très poétique même, du pénis de DSK au moment où il l’engouffre entre les lèvres de Nafissatou Diallo. C’était imaginaire, bien entendu. Or, paraît-il, cela constituait une « atteinte caractéristique à sa vie privée ». C’est invraisemblable si l’on songe que sa sexualité n’a plus aucun secret pour la planète entière, mais c’est ainsi. Et je respecte par principe la vie privée. Même si, comme ironisaient les Situationnistes : « On s’est demandé : la vie privée est privée de quoi ?  Tout simplement de la vie, qui en est cruellement absente. » Cela s’applique comme un gant – ou comme un préservatif en l’occurrence – au pauvre DSK…

Le récit de la scène du Sofitel a dû être un enjeu particulier.
C’était surtout assez amusant à écrire. Mais je tenais à rester impartial, aussi le roman contient-il les deux versions, à deux endroits différents : celle du viol, selon Nafissatou Diallo, et celle de l’arrangement entre adultes consentants qui aurait mal tourné, selon DSK. Même les avocats ont fini par admettre la dimension profondément littéraire de Chaos brûlant, y compris dans les descriptions des scènes « réelles », qui ne sont en dernier ressort que des hallucinations vécues par mon narrateur schizophrène. 

Le personnage du fou, c’était pour vous protéger ?
Au contraire, je l’ai plutôt inventé pour tester et mettre en danger ma propre santé mentale. En fait, je n’ai pas pensé un instant aux réactions des lecteurs en écrivant. J’ai surtout beaucoup ri, et il me semble qu’on ne peut dénier à Chaos brûlant d’être le roman le plus drôle de cette sombre rentrée littéraire… Il se trouve que j’étais à Montréal en avril 2010 pour parler de Kafka, et qu’un matin j’ai vu passer dans la rue un type tatoué d’un squelette de haut en bas. Je fus ébahi par cette manifestation de nihilisme incarné, crânement revendiqué, encré à même l’épiderme. J’ai aussitôt sorti mon carnet de notes, décidant qu’il se retrouverait dans un de mes romans. Comme par magie, sa vie en fut aussitôt bouleversée. Il fut repéré par le styliste de Lady Gaga, est apparu dans un de ses clips, et s’est retrouvé en un tour de main mondialement célèbre. Tandis que j’inventais les tristes aventures de Sac d’Os, mon narrateur tatoué d’un squelette lui aussi, Rick Genest, son modèle de Montréal, tournait des pubs, participait à des défilés, passait à la télé… C’est un nouveau signe, comme l’incendie de mon garde-meuble, que certains romans possèdent une efficacité cabalistique sur la réalité. Un vrai livre aimante le monde en spirales autour de lui. Ça pourrait être une maxime hassidique.

Pour revenir à la scène du Sofitel, vous expliquez les variations de la version de Nafissatou Diallo par un « principe d’incertitude peul ». Que voulez-vous dire ?
M’intéressant au cerveau de Nafissatou Diallo, donc à la culture peule, à sa langue, ses croyances, ses maximes, j’ai eu la confirmation de la grande noblesse spirituelle de la palabre, qui traverse par ailleurs toute l’Afrique. Lorsqu’un Africain vous raconte quelque chose, quoi que ce soit, il ne le rapporte pas : il le recrée. C’est une forme d’improvisation, comme dans le jazz dont les sources sont africaines. Si vous posez à une Peule vingt fois la même question, vous aurez vingt réponses différentes. Nafissatou Diallo est arrivée tard en Occident, elle ne voit pas et ne parle pas le monde en Américaine. Elle s’est peut-être fait violer, mais son rapport typiquement peul à la parole l’a foncièrement desservie, car elle était face à des flics new-yorkais qui, lorsqu’ils vous demandent ce que vous faisiez entre 12h et 12h36, n’admettent aucune fioriture dans la réponse.

Votre portrait de DSK tourne autour d’un tremblement de terre auquel il a réchappé, enfant, à Agadir.
Le 29 février 1960, la ville est détruite en quelques secondes, on compte des milliers de morts mais la famille Kahn, Dominique, ses parents, sa sœur et son frère survivent. Mon idée, c’est que le séisme d’Agadir l’a à la fois ravagé et fondé. Un tremblement de terre, c’est dix ou quinze secondes durant lesquelles des constructions humaines vieilles parfois de plusieurs siècles s’effondrent intégralement. En outre, cela s’est passé aux ultimes minutes d’un 29 février, journée fantôme qui disparaît du calendrier pour plusieurs années. D’où mon idée romanesque que ce jour-là un dibbouk, un démon dans la tradition juive, a pris possession du petit Dominique. Or, disent les textes juifs, quand un dibbouk s’empare d’un homme, il le rend « fou, irrationnel, vicieux, corrompu » : parfaite métaphore du néolibéralisme ambiant !

Vous dites que DSK « porte le séisme en lui ».
Confronté à dix ans à l’expérience brutalement engloutissante du Temps, DSK ne désire que fuir et jouir – les deux attitudes revenant au même. Les plus grandes pensées du XXème siècle consistent à méditer le rapport entre l’Être et le Temps, et dans le judaïsme aussi c’est une question millénaire primordiale. Or DSK est un jouisseur fugitif qui ne craint rien tant que le passage du temps. À la fois par son mode de vie de « maître du monde » au FMI – les zigzags incessants sur toute la planète, les discours lénifiants et creux qui ne riment à rien et ne changent rien –, et par sa passion névrotique pour les nouvelles technologies se substituant les unes aux autres en permanence. Un type qui possède sept téléphones portables et couche avec son Ipad n’est pas dans la position spirituelle idéale pour méditer Sein und Zeit de Heidegger. Mais cette impatience consubstantielle est aussi un signe de sa hantise du séisme et par le séisme. Si on suit sa carrière, à chaque fois qu’il est au sommet tout s’écroule sous ses pieds. La Mnef, la cassette Méry, Piroska Nagy, Nafissatou Diallo… Et le plus extravagant, c’est qu’à chaque fois il s’en remet… pour replonger ensuite. Le 14 mai 2011 au matin, il était encore considéré comme l’homme le plus intelligent du monde, l’expert aux échecs ayant toujours quinze coups d’avance sur tous ses adversaires… Et le voilà qui dérape dans une flaque de sperme à deux pas de l’Élysée ! Même en admettant que la femme de chambre était consentante, il faut être aussi abruti qu’un George Bush Jr pour se laisser aller ainsi quand on a un tant soit peu le souci de la stratégie politique. Au fond, DSK s’est montré ce jour-là « con comme une bite ». J’aime beaucoup cette expression, certes un peu vulgaire, mais qui respecte la parité des organes génitaux… DSK est si littéralement aimanté par la catastrophe que sa libido elle-même est cataclysmique. En revanche il devient excellent dans les situations de séisme réel : il a fait des merveilles après la catastrophe haïtienne, débloquant des centaines de millions de dollars en quelques heures. Même si, hélas, la corruption usuelle au Tiers Monde a englouti tout cet argent. Encore un gouffre dévorant sa propre vacuité…

Vous le montrez comme un homme absent de lui-même. Dans la chambre du Sofitel, il demande à Nafissatou Diallo: «Sais-tu qui je suis ?»
Oui, ce qui est logique puisque ce qu’il fuit en permanence dans la jouissance, c’est d’abord lui-même. Lorsqu’il déclare : « Sais-tu qui je suis ? » à la femme de chambre, il entend sans doute : « N’aie pas peur, je suis un homme puissant, tu ne perdras pas ton travail. » Or, extraordinairement, c’est une phrase du roi Lear, avec lequel je trace un parallèle dans Chaos brûlant, qui perd tout également par cécité sentimentale, et qui se lamente : «Quel est celui qui peut dire qui je suis ?»

Dans votre roman, on croise Bobby Fischer, le joueur d’échecs maladivement antisémite. L’hystérie médiatique autour de l’affaire peut-elle s’expliquer par la réactivation d’un fantasme sur les Juifs ?
Je ne le pense pas, même si tous les antisémites y ont vu la confirmation de leurs convictions les plus moisies. Ces imbéciles patentés verraient un coup des Juifs dans une éruption volcanique en Islande. En réalité, la fascination planétaire pour le désastre personnel de DSK s’explique par le fait qu’il incarne notre époque, mêlant Sexe, Politique, Économie, Médias, et la plus banale misère humaine. Concernant Bobby Fischer, cela m’a intéressé de rentrer dans le cerveau confus et paranoïaque d’un antisémite avéré, mais pas de n’importe lequel. Les antisémites sont d’une uniformité moutonnière parfaitement ennuyeuse. Rien de très nouveau depuis Aman jusqu’à Ahmadinejad, sans parler des « antisionistes » français qui se croient très subversifs en ressassant des immondices vieilles de plusieurs siècles. Le cas de Bobby Fischer est distinct, et donc intéressant,  pour deux raisons. La première c’est qu’il était aussi absolument génial aux échecs qu’il était psychotique dans la vie. Après tout, des antisémites géniaux, hormis Voltaire, Dostoïevski et Céline, il n’y en a pas eu tant que ça. L’autre raison, triste et touchante, c’est que Bobby Fischer était juif de père et de mère, au même titre que DSK ou moi-même !

Nicolas Sarkozy apparaît dans le roman. On a longtemps présenté DSK comme un antidote au sarkozysme, mais vous semblez penser que les deux hommes ont quelque chose en commun.
Oui, à commencer par le fait que tous les deux sont manœuvrés par d’imbéciles communicants, les fameux spin doctors qui ne sont que  des mythomanes à gage. C’est d’ailleurs le cas de n’importe quel politicien aujourd’hui. Quand un politicien dit « oui », il y a un communicant derrière son dos qui lui a dit d’assembler les lettres O-U-I pour répondre à un journaliste. Quoi qu’on  pense de De Gaulle  – et Dieu sait si j’ai peu de sympathie pour lui ! – c’était un roublard encore nourri de rhétorique à l’ancienne. Comme l’ont démontré cinq années de présidence sarkozienne, ce temps-là est révolu. D’ailleurs de Gaulle  avait une qualité indéniable, il méprisait l’argent. On ne peut pas en dire autant de Sarkozy ni de DSK. Ce ne sont pas des hommes habités par la Parole, ce sont des marionnettes du Chiffre. Leur langue, c’est les borborygmes débiles des Marchés Financiers : « AAA, BBB, CCC »… Il est très logique que Sarkozy, qui s’exprime comme un charretier, ait à la fois déclaré le AAA français « trésor national » et La princesse de Clèves dépourvu de tout intérêt !

Et pourtant, DSK, cet homme du séisme fait partie de ces dirigeants qui n’ont pas vu venir le séisme financier…
Oui, car là il s’agit carrément d’un Gouffre qui est devenu l’autre face du monde. DSK n’est qu’un homme de paille du néolibéralisme. Il n’est pas du tout le faramineux économiste que les communicants décrivent complaisamment. Il n’a jamais rien produit, on attend toujours son prix Nobel qu’il annonçait vaniteusement à ses camarades de fac à 2O ans. C’est juste un keynesien-schumpeterien classique, n’importe quel prof d’économie en première année en sait autant que lui. Au fond, c’est un fumiste à qui, au sens propre, les mots ne coûtent rien, ils ne lui servent qu’à donner le change. Contrairement à Nafissatou Diallo, lui n’est pas habité par le Verbe. De ce point de vue, spirituellement, il est très peu juif. Il faut choisir entre étudier la Thora  et se taper des putes à longueur de temps ! Ses derniers discours en tant que chef du FMI sont aberrants de crétinerie. Il passe son temps à dire que tout va mieux, que la nouvelle gouvernance mondiale va tout arranger, il est optimiste pour les Grecs, etc. Ce n’est même pas du cynisme : il s’en fout. Son désir est ailleurs, dans sa passion pour les échecs, ou dans ses textos : « J’emmène une petite faire les boîtes de Vienne. »

« Un Gouffre qui est devenu l’autre face du monde » : qu’entendez-vous par là ?
C’est le grand thème de Chaos brûlant : la Finance n’est pas une branche pourrie de la société moderne, elle est la société elle-même telle que l’a dévastée le néolibéralisme depuis plusieurs décennies (je signale en passant qu’on trouve sur l’excellent blog du chercheur en économie politique Frédéric Lordon la critique la plus avancée du néolibéralisme, de son ravage, et des moyens radicaux d’y résister). Elle représente ce revers démentiel et déshumanisé du monde qui a pris désormais possession de toute la planète. Son règne est celui du ravage, raison pour laquelle j’évoque une « catastrocratie » dans Chaos brûlant. Mêlant l’Économie, la Propagande, le Crime et la Technique, cette catastrocratie n’est pas née d’hier. Elle s’est fait les griffes au XXème siècle avec les meurtres de masse, liés en partie à la crise de 1929 puisque sans elle Hitler n’aurait jamais pris le pouvoir. Bien sûr, Hitler n’est pas à lui seul tout le XXème siècle, mais il en est l’incarnation la plus vociférante. Comme l’avait bien vu Lacan, « les nazis furent des précurseurs ». En effet, l’organisation du massacre de millions de personnes fut à la lettre « assistée par ordinateur », comme le révèle la présence des premières machines IBM dans les camps d’extermination nazis. Je raconte tout cela dans Chaos brûlant, qui s’achève par l’épisode drôlatique d’un cocktail délirant au FMI, où « Watson », le nouveau superordinateur d’IBM, prend tyraniquement le pouvoir et envoie valser l’espèce humaine. Faut-il encore s’étonner si ce superordinateur « Watson » a été récemment acquis à prix d’or par… je vous le donne en mille… Citigroup, le plus grand conglomérat financier mondial. Autant dire que les Grecs n’en ont pas fini de baver, et nous avec eux. Les valets de Goldman Sachs vont leur faire payer à grands coups de non-référendums l’invention du mot « démocratie ». Les péroraisons démagogiques des gouvernants au service de la Finance globale ne servent qu’à masquer sa domination, plus absolue sous ses oripeaux publicitaires que tous les despotismes humains jamais surgis jusqu’ici. Or il y a toujours un rapport étroit entre domination et dévastation. On s’en doutait un peu après le nazisme, le stalinisme, le maoïsme et leurs épigones régionaux, mais ni Hitler ni Staline n’avaient les moyens techniques de faire fondre la Banquise et de mettre concrètement la Terre en péril. La Finance – de laquelle et à laquelle participent les grands groupes pétroliers –, si. On savait depuis Marx que l’empire capitaliste allait sur sa fin. Ce qu’on ignorait, c’est qu’il emporterait la planète dans son naufrage, et surtout que cet empire agonisant ne serait pas tant l’Amérique que cette gigantesque geôle à ciel ouvert dont les matons pollueurs sont assis sur un colossal monceau de dollars, qui se nomme la Chine…

Finalement, que vous inspire DSK ? On sent dans votre roman à la fois de la pitié et de l’hostilité…
Il ne m’intéresse pas comme être humain. Pour moi, DSK n’est que le logo grotesque du néolibéralisme, c’est un ensemble de phrases, de situations, de reflets. Qu’il soit aussi un personnage public, je n’y peux rien. Je ne suis pas allé fouiner dans sa vie privée, c’est lui qui s’est invité chez moi avec son éjaculation grotesque à la face du monde. Pour autant je n’éprouve envers lui aucune hostilité. Il est désormais un de mes personnages, donc ma créature. Quant au DSK réel, paix à son sperme.