12 sept. 2012

L’incontestable « huuuu…. huuuu… huuu…. huuu… »






"De même que DSK peut jouer à plusieurs parties d’échecs simultanément, il se déplace dans ses songeries comme dans une galerie de tableaux, mêlant les êtres, les lieux, les situations. Il songe à Inge, puis à Hérodiade, puis à Michelle Obama, et fébrilement il veut palper le vagin de la femme de chambre. Il essaye de lui arracher son uniforme, relève énergiquement la jupe en la tirant vers le plafond, un peu comme un gorille en apesanteur qui tenterait d’éplucher une banane à l’envers. Nafissatou résiste, DSK essaye de lui retirer son collant, comme s’il adoptait l’épluchage dans le bon sens, de haut en bas. Il se met à malaxer maladroitement le pubis et le vagin de Nafissatou à travers sa culotte, elle pousse un petit cri. Vaniteusement, il s’imagine qu’elle jouit déjà.
DSK n’a jamais été très adroit de ses mains, mais en érection il a l’habileté d’un homard dans l’eau bouillante. C’est comme si tout son épiderme se réfugiait dans ce gros appendice tumescent, frémissant, vibrionnant, quasiment vrombissant, doué d’une volonté propre, avide de se détacher du buste et fuser au plafond. Tandis que DSK se presse contre Nafissatou en la tirant par le bras gauche, l’appendice bat la chamade, transmettant à tout le bas-ventre un amusant  tambourinement vertical, comme si un invisible chef d’orchestre avait introduit sa main droite dans le corps de DSK,  grosse moufle de chair blême, et qu’il tâchait de maîtriser ce pupazzo virevoltant pour tapoter en rythme contre la femme de chambre confondue avec son pupitre.
Menant son propriétaire par le bout du nez, le pénis de DSK le soude à Nafissatou, qu’il fait brutalement tomber à genoux en tirant sur son bras gauche. Elle pousse un gémissement de douleur. Il se dit qu’il lui filera 50 dollars tout à l’heure, quand elle l’aura terminé. Par un geste diplomatique de Jorge Tito, le directeur du Sofitel de New York, la suite ne lui a coûtée que 500 dollars au lieu de 3000. En moins de temps qu’il n’en faut à un éjaculateur précoce pour se déconsidérer, DSK calcule qu’un pourboire de 20% comparé à une ristourne de 83% est un splendide cadeau pour une employée dont le salaire au Sofitel ne doit pas dépasser 3,5 % du sien au FMI…
Il en déduit que tout va bien. En conclusion de son raisonnement économique, il lance à Nafissatou :
– You’re beautifull, suck my dick ! 
Puis, tâtonnant de la queue comme s’il essayait d’ouvrir une serrure dans la nuit, DSK finit par enfoncer d’autorité son pénis entre les lèvres luxuriantes de la femme de chambre.
Il prend fermement la tête de Nafissatou entre ses deux mains et se met à aller et venir dans sa bouche en hululant « huuuu…. huuuu… huuu….  huuu… ». Nafissatou est paniquée à l’idée que ses grognements grotesques  – qui lui rapellent vraiment ceux du phacochère – risquent de rameuter tout l’étage. Si sa gouvernante d’étage la surprend, elle perdra son job, sa carte verte, et on les renverra, Houleymatou et elle, dans la resplendissante poussière de Conakry.
Elle récite intérieurement une prière propitiatoire en peul, geignant sous les coups de boutoir de ce pénis blanc qui pilonne sa gorge comme s’il voulait la goinfrer de chikwang, un de ces bâtons de pâte de manioc enroulée dans sa feuille dont raffolent les Africains.
Que la paix de Dieu soit sur moi,
Que Dieu m’aide,
Que Dieu me donne la paix.
Au nom de Dieu, ma main. 
Mon maître, ma main.



Huuuuuuuuuuuuuu… fait DSK au moment où un goût âcre emplit le palais de Nafissatou. Elle pense immédiatement à du jakatu, l’aubergine amère, mais un jakatu qui n’aurait pas été convenablement préparé, sans paprika, sans tomates, sans oignons, sans cumin ni ail. Elle recrache le sperme de DSK à trois reprises, avec un dégoût non dissimulé.
Quand elle penche son visage vers la moquette pour expulser cette semence au goût saumâtre, Nafissatou aperçoit une minuscule tache rouge sur le petit doigt du pied droit de DSK. Elle pense aussitôt que le gros Blanc souffre d’un naw giggol, une maladie sexuellement transmissible, et elle commence à s’affoler sérieusement. Il y a du sperme partout dans la chambre, sur son chemisier, sur le mur, par terre. Elle voudrait bien connaître le nom de cet homme, pour mieux s’en prémunir. Elle pense déjà au coup de fil qu’elle donnera à Conakry pour se faire confectionner une amulette dans laquelle seront cousues des incantations magiques en arabe.
DSK passe devant elle, tout habillé, tenant d’une main sa valise à roulettes. Il la regarde sans dire un mot. Elle voudrait l’insulter en peul mais elle est terrorisée par la vitesse à laquelle il s’est habillé. C’est sûrement un djinn ! Nafissatou baisse les yeux, et se récite une nouvelle prière de protection peule :
Là où le soleil pousse, là où le soleil veille,
Les torts, les préjudices,
Diables à la chevelure abondante,
Qui se nourrissent pendant la nuit.
Ce qui est devant moi, c’est aveugle,
Ce qui est derrière moi, c’est paralysé.


Quand DSK claque la porte de la suite 2806, la prière protectrice de Nafissatou prend une résonnance prophétique.
Aveugle, il vient de l’être jusqu’à la furie, lui le joueur d’échecs hors-pair à la réputation d’avoir toujours quinze coups d’avance sur l’adversité. Paralysé, il le sera bientôt par la colossale machinerie à grand spectacle de la justice américaine, spectateur impuissant, menotté, exhibé, humilié, assistant à l’effondrement de sa carrière exceptionnelle aux portes du palais de l’Élysée. Car, du moment où DSK a enfourné son pénis jusqu’à la glotte dans la bouche de la benjamine de Thierno Ibrahima et de Hadja Aïssatou, de Tchukalé, en Guinée, il a lui-même planté le premier clou sur la croix où, dans à peine quelques heures, il sera inexorablement voué aux gémonies."
Extrait de Chaos brûlant