5 juin 2014
6 juil. 2013
"Chaos brûlant" à Capri
"Chaos brûlant" à Capri, photos de Paul Ouzan, sur un chant de gorge inuit: "Katajjait mélodique".
16 avr. 2013
25 févr. 2013
Total Vagina
"Goneril regarde sa télévision, surnommée «Total Vagina» (TV). Il serait plus juste de dire que Goneril a phagocyté «Total Vagina» tant sont fusionnelles les relations qu’elle entretient avec son petit poste. C’est un Porta-Color de 1976 que Goneril traite comme son animal de compagnie, à quoi il s’assimile d’ailleurs par sa taille (à peine 40 centimètre de haut sur moins de 50 de long), sa poignée au sommet pour le porter affectueusement du salon à la salle de bain et de celle-ci à la cuisine, ses deux antennes télescopiques d’insecte sur son arrière, ses grosses molettes noires, à droite du tout petit écran – aux couleurs aussi criardes que la voix de Goneril –, mollettes munies chacune d’une graduation énigmatique allant de 2 à 13 pour l’une, de 65 à 48 pour l’autre (en passant par 73, 83, 14, 22, 30 et 38 : série insensée que seule peut justifier la numérologie gonerilienne), et ses trois petits boutons gris clair – son « triclitoris » dit Goneril – destinés au réglage du son, de la teinte et de la couleur."
Extrait de Chaos brûlant
30 déc. 2012
2 déc. 2012
26 nov. 2012
Interview with LE NOUVEL OBSERVATEUR translated
INTERVIEW WITH LE NOUVEL OBSERVATEUR
ABOUT CHAOS BRÛLANT ( BURNING CHAOS )
Translated by Robert G. Margolis
Le Nouvel Observateur: How do you feel after a year deep inside the head of Dominque
Strauss-Kahn?
Stéphane Zagdanski: I will not keep from you that 2011 was almost
as painful for me as it was for Dominque Strauss-Kahn. As if the title of my novel had decided to
turn my existence into a burning chaos.
To give you only one example, an enormous fire completely consumed a
storage facility in Gagny, in which I had some furniture and, especially,
irreplaceable archives. And this is not
the worst of what happened to me !
Proof, if such is needed, that certain books magnetize the world around
their author, for better as well as for worse.
23 nov. 2012
16 nov. 2012
26 oct. 2012
Chaos brûlant à Porto, par Laurent Boulair
24 oct. 2012
"Lucide et acerbe", Article de Marie-Claude Bernard sur Parutions.com
La couverture médiatique de l’explosion en vol de DSK a été plus
importante que celle des attentats du 11 septembre. Ce constat n’est
pour Stéphane Zagdanski qu’un des symptômes de la démence universelle
d’un monde lui-même en train d’imploser.
22 oct. 2012
Questions ouvertes (Quatrième de couverture alternative)
Stéphane Zagdanski
Chaos brûlant
roman
Que s’est-il passé précisément le 14 mai 2011 dans le suite 2806 du Sofitel de New York, entre midi six et midi vingt-six ?
Quelle prière peule fit Nafissatou Diallo au moment où elle avait le pénis de Dominique Strauss-Kahn entre les lèvres ?
Que rumina DSK durant sa première nuit de prison à Harlem ?
Pourquoi Nafissatou Dialo a-t-elle menti de manière incohérente à la police de New York ?
Pourquoi DSK est-il passionné d’échecs ?
19 oct. 2012
Cliché du no man's land
"– …Cette photo est probablement la première de l’histoire où apparaisse un être humain. À une exception près le boulevard du Temple est vide, la ville désertée de tous ses passants, marchands, calèches, chevaux et animaux de compagnie. Il ne s’agit pas d’un choix, comme plus tard avec le photographe Eugène Atget qui décidera de collectionner le désert parisien. Ici c’est la technique naissante qui annihile le mouvement humain : l’objectif du Basque requérait plusieurs minutes d’exposition, et à moins de demeurer immobile, sage comme une image durant ce temps minimum, on était invisible à la machine à reproduction… Or un seul homme, parmi l’immense foule, est resté assez longtemps sans bouger pour être fixé par l’appareil, apparaissant dans ce que Walter Benjamin qualifierait nostalgiquement – mais à tort – « d’image d’un gris tendre »."
Extrait de Chaos brûlant
17 oct. 2012
10 oct. 2012
"Zagdanski bouleverse toutes nos certitudes", par Michel Litout
Roman : "Chaos brûlant" dans la tête de DSK
Un
fou, accusé par une amie de viol, se retrouve dans la même cellule que
Dominique Strauss-Kahn. Rencontre romancée par Stéphane Zagdanski.
L'affaire
DSK, quand elle a éclaté en 2011, a semblé rendre fous les
commentateurs. L'énormité de l’événement, la vision du patron du FMI,
promis à l’Élysée en 2012, mal rasé, l’œil hagard, menotté, a été un
incroyable électrochoc. La folie n'est donc pas absente de ce
tremblement de terre médiatique. Tout à été écrit, mais la version, la
vision plus exactement, de Stéphane Zagdanski dans « Chaos brûlant » est
passionnante et novatrice. Il ne se contente pas des faits. Il raconte
le fait divers par l'intermédiaire d'un narrateur qui était aux
premières loges.
3 oct. 2012
Version longue de l'entretien avec David Caviglioli pour le Nouvel Observateur
Comment vous sentez-vous, après une année en immersion dans le cerveau de Dominique Strauss-Kahn ?
Je ne vous cacherai pas que l’année 2011 fut presque aussi pénible pour moi que pour Dominique Strauss-Kahn ! Comme si le titre de mon roman avait décidé de transformer mon existence en un brasier branlant. Pour ne vous donner qu’un exemple, un gigantesque incendie a entièrement dévoré un entrepôt à Gagny où j’avais quelques meubles et surtout des archives irremplaçables. Et ce n’est pas là le pire de ce qui m’est arrivé ! Cela a confirmé mon idée qu’un livre écrit avec incandescence torsade la réalité autour de son auteur, pour le meilleur comme pour le pire.
28 sept. 2012
Éblouissant roman, par Franck Aria
Éblouissant roman de Stéphane Zagdanski. Son nouveau livre, "Chaos brûlant", montre en mots les sombres coulisses d'un monde en constante décrépitude, mais aussi les collisions d'intérêts entre la publicité, le spectacle, la Finance, le travail à la chaîne et le crime désormais globalisé, ou encore entre la psychiatrie, la publicité, l'économie, la Technique et le nazisme. Bref, il éclaire de mots la scène cataclysmique de ce monde-écran, spectacularisé au point d'abolir toute pensée. Il montre comment l'abjection vacuitaire de la Finance est un gouffre à l'intérieur duquel le monde s'engouffre.
27 sept. 2012
21 sept. 2012
Histoire de la psychiatrie à l'âge nazi
"Bondissons par conséquent du Portugal aux États-Unis où un nouveau grand malade psychiatrique nommé Freeman, « Homme libre » – car mon âme cauchemardesque a le sens de l’humour –, se prit de passion pour le pic à glace. AH AH AH AH ! Il soulevait la paupière d’un schizophrène ou d’un neurasthénique, y enfournait salacement son pic à glace, passait sous l’os orbital pour atteindre le cerveau de sa victime et, transmettant à son pic à glace une vigoureuse oscillation, il piquait et repiquait, pilait, concassait, broyait, farfouillait, triturait jusqu’à avoir réduit en bouillie le tissu cérébral de son aliéné. Ce militant de la bouillie de cervelle avait un camion, poétiquement baptisé « lobotomobile », avec lequel il parcourait les États-Unis et où il pratiqua à la volée 3500 bouillies de cerveau. Lorsque son permis d’exercer la médecine lui fut enfin retiré, il était trop tard. Freeman avait lancé une véritable mode consistant à couper dans le vif du sujet. Près d’un million de personnes furent ainsi lobotomisées entre les années 40 et 60, à partir de quoi la lobotomisation se répandit universellement par le biais d’une méthode plus moderne, indolore et pleine d’avenir : la télévision."
Extrait de Chaos brûlant
18 sept. 2012
Sommaire de Chaos brûlant
SOMMAIRE
Sac d’Os se présente
Ossature d’encre
Cordelia
L’absurde
Dos tourné
Satan s’exprime
15 sept. 2012
Commentaire intelligent d'une critique crétine
DavidCazaIs - 1410912012 21 59 5
«Je trouve au contraire que Zagdanski exerce l'art de la digression avec talent. Une débauche d'érudition et un regard kaléidoscopique sur une affaire très récente font de ce roman une sorte d'objet littéraire très américain et qu'on s'attend à voir qualifier par les critiques d'"éblouissant, étourdissant, époustouflant, brillant, foisonnant etc".L'écriture de Zagdanski, la précision de ses images, la richesse étonnante et féconde de son vocabulaire, de ses rapprochements (donc de son imagination) tranchent vraiment sur la médiocrité ambiante (cf OlivierAdam). Sa façon d'épuiser le sujet, de l'aborder sous cent et mille perspectives mérite un coup de chapeau car elle suppose une hauteur de vue peu commune et nous invite à de multiples méditations. Le dispositif littéraire est à mon avis intéressant et parfaitement maîtrisé. Des aspects que la critique de Jérôme Dupuis ne laisse même pas supposer et c'est dommage.»
14 sept. 2012
The Eruption of a Verbal Audacity, A Conversation About "Burning Chaos"
Stéphane Zagdanski / Robert G. Margolis,
"The Eruption of a Verbal Audacity"
A Conversation About Chaos brûlant, “Burning Chaos”.
-To the blessed memory of Charles Mopsik
Robert G. Margolis: Let us
begin with the title of your new novel Chaos brûlant,
“Burning Chaos”. The title is used with
reference to a sentence by Friedrich Nietzsche, which you also employ as the
epigraph to your novel: “Civilization is only a thin film over a burning
chaos.” What is this “Burning Chaos”? What does Nietzsche and, therefore, do you
mean by it?
13 sept. 2012
12 sept. 2012
L’incontestable « huuuu…. huuuu… huuu…. huuu… »
"De même que DSK peut jouer à plusieurs parties d’échecs simultanément, il se déplace dans ses songeries comme dans une galerie de tableaux, mêlant les êtres, les lieux, les situations. Il songe à Inge, puis à Hérodiade, puis à Michelle Obama, et fébrilement il veut palper le vagin de la femme de chambre. Il essaye de lui arracher son uniforme, relève énergiquement la jupe en la tirant vers le plafond, un peu comme un gorille en apesanteur qui tenterait d’éplucher une banane à l’envers. Nafissatou résiste, DSK essaye de lui retirer son collant, comme s’il adoptait l’épluchage dans le bon sens, de haut en bas. Il se met à malaxer maladroitement le pubis et le vagin de Nafissatou à travers sa culotte, elle pousse un petit cri. Vaniteusement, il s’imagine qu’elle jouit déjà.
8 sept. 2012
7 sept. 2012
Tout est théâtre
"Très
vite, Carlita saisit à qui elle avait affaire. Avec celui-là, tout se jouerait
dans l’interstice. Douce et soumise en public, elle alimente sa volonté de
contact en lui essuyant le front dix fois de suite devant les caméras, en lui
passant une main dans les cheveux, en lui caressant la nuque comme à un bon
gros chien qu’on veut calmer. Du même coup, elle le castre gentiment par cette
infantilisation saugrenue, comme lorsqu’elle l’appelle «Chouchou»
devant les lectrices stupides d’un imbécile magazine féminin (pléonasme)."
Extrait de Chaos brûlant
3 sept. 2012
Échecs et Juifs
"Franz
a compris qu’il y avait une intime corrélation entre l’antisémitisme de Bobby
et sa génialité échiquéenne. De même que, pour Bobby, le monde entier se réduit
à un échiquier de 64 cases, que la multiplicité des événements est entée sur
l’infinitude des combinaisons de mouvements possibles, de même plaque-t-il en
écho sur l’immense miroitement du monde la grille de l’antisémitisme, grille à
un casier unique dans lequel Bobby fourre tout l’univers, voyant de tout temps
et partout le triomphe de la malice juive. Qu’un train déraille au Japon, c’est
un coup des Juifs. Ce sont les Juifs qui ont doté la Corée du Nord de la bombe
atomique. Ce sont les Juifs qui provoquent la famine en Afrique. Ce sont les
Juifs qui spéculent sur les krachs boursiers. Ce sont les Juifs qui ont fourni
les matériaux défectueux pour la construction de Tchernobil. Et surtout
ce sont les Juifs qui s’acharnent contre lui, Bobby Fischer. Les Juifs qui ont
convaincu Bush de lancer un mandat contre lui en 1992, lorsqu’il est allé
rejouer contre Spassky à Sarajevo en pleine guerre. Les Juifs qui lui ont
dérobé tous ses avoirs à Pasadena. Ce sont même les Juifs qui ont organisé
l’éruption du volcan Eyjafjallajökull en
Islande, au printemps 2010, pour punir ce beau pays de l’avoir accueilli et de
lui avoir offert la nationalité islandaise.
– Eyjafjallajökull !
éructe-t-il, « J’t’affole et j’t’encule ! »… Si c’est pas signé
des serpents juifs !"
Extrait de Chaos brûlant
1 sept. 2012
Sur la dédicace, dans Marianne
Réponse à une enquête de
« Marianne » sur la dédicace de Chaos
Brûlant
Durant toute l’année d’écriture de Chaos brûlant, ma vie privée s’est
déroulée dans une atmosphère si cataclysmique qu’elle semblait directement
inspirée par le titre de mon roman. Pourtant, au cœur de ce chaos branlant, ma
petite fille de 3 ans a été une inspiration perpétuelle d’équilibre et de
ténacité par son espièglerie, son enjouement et sa grâce. Fidèle en cela à son
prénom qui signifie, dans la Bible, « Mon père est en joie ».
30 août 2012
29 août 2012
The DSK affair is the incarnation of contemporary folly, AFP
Strauss-Kahn sex scandal continues to fascinate
By Rory Mulholland | AFP
PARIS, Aug 29, 2012
-Dominique Strauss-Kahn may have disappeared from public life but his spectacular and sordid fall from grace is being played out again and again in books, plays, TV shows and movies.
The six-minute sexual encounter between the man who might have been France's next president and a maid in a swanky Manhattan hotel continues to fascinate long after the story fell off the front pages of newspapers.
"The DSK affair is the incarnation of contemporary folly," said novelist Stephane Zagdanski, using the initials by which the former head of the International Monetary Fund is best known in France.
"It fascinates enormously because he was at the summit of the world and he found himself in the gutter overnight, thanks to a six-minute fellatio," he told AFP.
"The DSK affair is the incarnation of contemporary folly," said novelist Stephane Zagdanski, using the initials by which the former head of the International Monetary Fund is best known in France.
"It fascinates enormously because he was at the summit of the world and he found himself in the gutter overnight, thanks to a six-minute fellatio," he told AFP.
28 août 2012
Yannick Haenel à Stéphane Zagdanski, 15 août 2012
La dernière nervure
Cher Stéphane, ton Chaos brûlant met en plein dans la cible, avec une effervescence drôlatique et une profondeur de vue qui laissent augurer des ravages que le livre va opérer dès sa sortie. Formuler le sinistre, en faire une sarabande magique, comme dans La Tempête de Shakespeare ; retourner le diable sur lui-même afin d'y voir grâce à lui ; déshabiller la fabrique de Satan. Ce qui est très fort, c'est que tu rapportes le dispositif de la folie planétaire à l'inanité foireuse d'un acte sexuel surcommenté : le monde se fait imploser à travers un coït douteux. Le monde de la finance, et l'extraordinaire généalogie de la servitude et du crime qui l'accompagne, et que tu mets en évidence, repose autant sur du vide que le rapport sexuel. Spéculation libidinale, d'autant que l'argent lui-même n'est rien que le signe de la dépossession en acte. L'unique vérité de la convulsion économique permanente — de son soubresaut, de son tic —, c'est la jouissance, ou plutôt son ratage, son absence délirée — son fonctionnement vide. Il n'y a même plus d'assise métaphysique, de type apocalyptique : le Gouffre lui-même est devenu une marchandise.
Cher Stéphane, ton Chaos brûlant met en plein dans la cible, avec une effervescence drôlatique et une profondeur de vue qui laissent augurer des ravages que le livre va opérer dès sa sortie. Formuler le sinistre, en faire une sarabande magique, comme dans La Tempête de Shakespeare ; retourner le diable sur lui-même afin d'y voir grâce à lui ; déshabiller la fabrique de Satan. Ce qui est très fort, c'est que tu rapportes le dispositif de la folie planétaire à l'inanité foireuse d'un acte sexuel surcommenté : le monde se fait imploser à travers un coït douteux. Le monde de la finance, et l'extraordinaire généalogie de la servitude et du crime qui l'accompagne, et que tu mets en évidence, repose autant sur du vide que le rapport sexuel. Spéculation libidinale, d'autant que l'argent lui-même n'est rien que le signe de la dépossession en acte. L'unique vérité de la convulsion économique permanente — de son soubresaut, de son tic —, c'est la jouissance, ou plutôt son ratage, son absence délirée — son fonctionnement vide. Il n'y a même plus d'assise métaphysique, de type apocalyptique : le Gouffre lui-même est devenu une marchandise.
Le livre, dans son déploiement, met en évidence combien les humains et l'humanité n'existent plus : tu déchiquettes cette croyance en l'"homme". Le monde retarde, c'est pourquoi sa représentation à travers la psychose est une trouvaille : quand l'"Algorithme", comme tu dis, a épongé la substance entière du globe, eh bien l'extermination a fait un tour sur elle-même, replaçant le nazisme dans une autre histoire, celle de l'économie ; et dans sa vrille, la dimension actuelle du crime — la finance — en saturant l'économie, la détruit (et avec elle les petites choses qui s'accrochent à la circulation de l'argent, et qu'on appelle encore des humains). Très grande lucidité terrible, donc, à propos de ce règne sans âme. Comme tu le rappelles : Nel peggio non c'è fine. J'aime beaucoup les pages sur l'écroulement d'un iceberg, qui s'appellent "Flambées" : selon moi, c'est le centre secret du livre, sa métaphore, celle qui dévoile une noblesse invisible. Le destin de la banquise est ce qui arrive à chaque corps.
Grande intuition de DSK surendetté à son propre destin, à qui les mots ne coûtent rien — infirme de la parole. D'Anne Sinclair ratant son être en repoussant Picasso. Et les pages sur la "vraie prière", dans la chambre à gaz, m'ont beaucoup parlé. C'est évidemment un livre sur le TORT qui t'a été fait, à toi et à ta famille. Tort qui ne vient pas seulement des nazis, mais d'une extermination qui, chaque jour, s'avère élargie au mécanisme même du monde, et prend sa place. L'indemne, alors, n'est plus qu'une nervure, par laquelle tu glisses ton livre.
Ton ami, qui te serre la main,
Yannick
Reproduit avec l'aimable autorisation de Yannick Haenel
Reproduit avec l'aimable autorisation de Yannick Haenel
Un pavé dans la mare de la rentrée littéraire, Toute la culture
Le talentueux essayiste et romancier Stéphane Zagdanski (La Mort dans l’œil, Pauvre de Gaulle) se penche avec un an de recule sur la fameuse affaire DSK. Vus à travers les yeux extra-lucide d’un psychotique tatoué interné dans un hôpital de New-York, les évènements du 14 mai 2011 et les deux mois qui ont suivi prennent un relief tragi-comique. Un pavé dans la mare de la rentrée littéraire 2012 en librairies depuis le 23 août 2012.
Surnommé « Sac d’os » pour sa maigreur maladive, tatoué partout, le narrateur de « Chaos brûlant » est un psychotique intellectuellement supérieur et capable de se glisser dans la tête de ses interlocuteurs. La médiatisation des évènements qui ont eu lieu le 14 mai 2011 dans la suite 2806 l’interpellent, et il se glisse à la fois dans la psychologie de DSK, de la mystérieuse Nafissatou Diallo, de Anne Sinclair, de l’avocat de DSK Benjamin Brafman, du procureur et aussi de personnages imaginaires comme son touchant et sage gardien de cellule à Rikers Island…
Très documenté, extrêmement bien écrit et tentant l’expérience de se glisser dans la peau de chacun des personnages qui ont été sous les feux des médias fascinés par cette affaire, « Chaos brûlant » soumet des hypothèses psychologiques à temps intéressantes : Que Zagdanski se penche vraiment sur la vision du monde de Nafissatou Diallo est plutôt original et sympathique même si parfois un peu cliché. Mais la charge contre un DSK survivant d’un tremblement de terre dans l’enfance et totalement insensible et conquérant depuis est trop caricaturale et trop souvent répétée pour tenir le lecteur vraiment en haleine sur plus de 416 pages. Chaos Calme » était un roman bien parti pour saisir divers souffle de l’esprit du temps et qui finit en galerie de personnages figés. Dommage…
Stéphane Zagdanski, « Chaos brulant », Seuil, 416 pages, 21 euros. Sortie le 23 août 2012.
27 août 2012
Flambées
"À
Nuuk, la capitale du Groenland, les hères inuits édentés, obèses, myopes,
alcooliques et désœuvrés, vivent dans des HLM décolorées en tôle ondulée aux
vitres brisées. Ils regardent d’un air sauvage et apeuré l’agitation du port
industriel, adossés au mur d’un hangar. Il y a quelque chose de pourri au royaume
de la Neige. Ce sont les hangards."
Extrait de Chaos brûlant
Marianne Interview about Chaos brûlant (Burning chaos)
Marianne:
Why does the DSK Affair still fascinate
to such an extent?
Stéphane Zagdanski:
Probably because on May 14, 2011, DSK became, in spite of himself, the symbol
of the insanity of the contemporary world.
A polymorphous madness, become “globalised,” as it is said, with its
political derangements, its media deliriums or “economic horrors,” to quote
Rimbaud, in which we all—without exception—flounder about at this very moment. The at once lunatic and exemplary character
of the Sofitel incident was clear to me when I learned that the media covered
with which it had been favored surpassed coverage of September 11, 2001.
26 août 2012
Two Interviews With Stéphane Zagdanski about his new novel Chaos brûlant ( "Burning Chaos" )
Olivier Simon :
What is Chaos brûlant [Burning Chaos]? A novel?
A fiction? An essay?
Stéphane Zagdanski: Chaos brûlant
is a novel, a genuine novel. All of it
is invented. I could even say that the
novel’s common thread, that is the DSK Affair, itself is invented, since it is
re-elaborated by the mind of the narrator, who is a psychotic with the peculiar
ability to see, or to believe that he sees, what people think, without their knowing
it.
22 août 2012
DSK: une sexualité aliénée, MyBOOX
MyBOOX: Qu’est-ce que Chaos brûlant ? Un roman ? Une fiction ? Un essai ?
Stéphane Zagdanski : Chaos brûlant est un véritable roman. Tout en est inventé, je pourrais même dire que le fil rouge du roman, à savoir l’affaire DSK elle-même, est inventée puisqu’elle est réélaborée depuis le cerveau du narrateur, un psychotique ayant la particularité de deviner, ou de croire qu’il devine, ce que pensent les gens à leur propre insu.
Stéphane Zagdanski : Chaos brûlant est un véritable roman. Tout en est inventé, je pourrais même dire que le fil rouge du roman, à savoir l’affaire DSK elle-même, est inventée puisqu’elle est réélaborée depuis le cerveau du narrateur, un psychotique ayant la particularité de deviner, ou de croire qu’il devine, ce que pensent les gens à leur propre insu.
17 août 2012
DSK est une version appauvrie et grotesque du Roi Lear, France-Amérique
1. L'affaire DSK est encore
présente dans tous les esprits. A quel moment, et pourquoi, s'est-elle imposée
à vous comme un matériau propre à constituer le point de départ d'un roman ?
– Je guettais depuis longtemps l’occasion de rédiger une FMI, une « Fiction Métaphysique Instantanée » – un roman en direct interprétant minutieusement quelque fait divers crapuleux emblématique de notre temps. Je prévoyais aussi de consacrer un roman à l’argent, plus précisément aux ravages spirituels de sa transmutation financière. Très vite, vers la fin mai 2011, la déflagration de l’affaire DSK m’est apparue comme le prétexte idéal d’un tel roman. Tous les symptômes de l’effondrement de la civilisation occidentale s’y trouvent fusionnés dans la tragi-comédie d’un seul homme : une absurde sexualité machinale dissociée de tout raffinement langagier (on est aux antipodes de l’univers de Sade) ; une cécité existentielle maladive, propre de l’arrogante oligarchie qui mène la planète à sa ruine ; l’hypertrophie médiatique s’alimentant de son propre vide, dont l’abîme d’impensé occupe tout l’espace de la représentation et du commentaire ; la criminelle impotence politique accoutrée sous les oripeaux publicitaires de la communication la plus impudemment débile…
16 août 2012
Séismes
"Le ciel bleu était infernal de pureté, le soleil si blanc et brûlant qu’il semblait vouloir enfouir sous la chaux tout ce qui n’était pas lui. Les rues et les avenues, étrangement, étaient d’une tenue impeccable, comme si les décombres avaient pris soin de ne pas déborder sur les artères pour faciliter la déambulation estomaquée des survivants. À chaque pas un nouveau témoignage de la friabilité des constructions humaines surgissait, pour aussitôt s’applatir en une obséquieuse révérence au ravage."
Extrait de Chaos brûlant
13 août 2012
La trouée
"Un
soir, j’étais en train de dévorer une aventure de Daredevil, mon héros préféré,
quand le miracle arriva. Je ne parvins plus à lire les légendes ni à distinguer
les infimes détails des dessins – tel le filin caché de la canne blanche de
Matt Murdock quand il la transforme en nunchaku… Tout enflait, oscillait,
ondulait, respirait… Je tapotai sur ma lampe de poche mais les piles étaient
neuves. C’étaient mes yeux qui s’étaient éteints ! Ma mère allait
être exaucée, soulagée, je les avais enfin usés, j’étais en train de
devenir aveugle ! Daredevil m’avait inoculé son handicap. J’étais sauvé."
Extrait de Chaos brûlant
11 août 2012
1 août 2012
Grignotages
"Homer
est littéralement devenu ce qu’il consomme. Ce qu’il consomme, ce n’est pas de
la nourriture mais sa réclame, la reproduction falsifiée d’ersatz élaborés dans
des éprouvettes. Traité comme un container à déchet par la propagande agro-alimentaire
depuis son enfance, Homer s’est métamorphosé en sa propre déjection,
exproprié de son corps au profit de toutes les publicités de nutritions surnaturelles
diffusées nuit et jour sur tous les postes de télévision. Le corps martyr de Homer
est imprégné d’images abjectes et désirables, huileuses et trafiquées, fondantes
et plastifiées, suppurantes de calories, glorieuses de graisse, éclaboussantes
de dépendance, rutilantes de volonté abolie."
Extrait de Chaos brûlant
26 juil. 2012
Transparence
"S’il
s’est assis de la sorte – en une posture qui ne manque d’ailleurs pas
d’élégance : la nonchalance de celui qui n’a plus grand-chose à perdre –,
c’est qu’il connaît bien ce transat désastreux de son destin sur lequel il lui
faut, une fois de plus, s’installer et attendre, lui que le goutte-à-goutte des
minutes horripile. Une fois de plus le monde s’est écroulé autour de lui.
« Tout
ça pour ça ! » songe-t-il tristement.
Les
cernes sous ses yeux ont pris une allure pathétique. Ils ont descendu d’un cran
après le choc de son arrestation, glissant vers les joues et formant deux
sillons cireux, comme si on lui avait greffé des fentes de machine à sous de
part en part de l’arête nasale, dans lesquelles deux pièces d’un euro se
seraient coincées…"
Extrait de Chaos brûlant
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